• Des nouvelles de Julie !

     • Publié le 5 janvier 2015 • Rubrique(s) Actualités de l'Union europénne, L'Europe en Bretagne, près de chez vous

    La Maison de l’Europe de Rennes et Haute Bretagne poursuit les découvertes des Etats membres de l’Union européenne au travers du regard de ces témoins. Prenons des nouvelles de Julie, jeune rennaise partie en Roumanie qui avait lancé notre série de « ton expérience en Europe »

    DSCN1377 2Le dimanche 16 novembre 2014, les roumains ont élu leur nouveau président pour les 5 prochaines années. Le système politique est sensiblement le même qu’en France et depuis la modification de la constitution en 2003 le mandat présidentiel est un quinquennat. La bataille se jouait entre deux principaux protagonistes, Victor Ponta, actuel premier ministre social démocrate et Klaus Iohannis, maire de droite de Sibiu (Parti national libéral), d’origine allemande. Il est difficile de suivre précisément une élection présidentielle dans un pays dont on ne parle pas la langue mais le ressenti était qu’il existait un véritable clivage de génération entre les partisans de Ponta et ceux de Iohannis. Ponta n’inspire que de l’antipathie à tous les jeunes avec qui j’ai discuté. Le qualificatif le plus redondant est celui de « communiste » et ce n’est pas un compliment. Les affaires de corruption qui semblent inhérentes à l’organisation du pays inspirent un ras le bol aux nouvelles générations. On peut en effet entendre des histoires assez surprenantes : par exemple, une partie des impôts des Roumains disparaitrait dans on ne sait quelle poche. Par ailleurs, on peut constater que les Roumains se méfient de leur police, elle aussi corrompue.

    Cette élection a provoqué un certain nombre de tensions. En effet, à l’aube des résultats, la police était mobilisée au cas où des émeutes éclateraient si Ponta était élu. Ses opposants lui reprochaient d’avoir voulu empêcher le vote de la diaspora roumaine qui est supposée voter plus à droite. Dans toutes les capitales européennes et du monde, il y avait des heures d’attente et tous les votants n’ont pas pu glisser leur bulletin dans l’urne. C’est un sujet dont on a parlé dans la presse internationale, même si l’élection présidentielle roumaine est passée largement inaperçue hors de Roumanie. En tout cas, la forte mobilisation des roumains de l’étranger a entrainé la défaite de Victor Ponta. Cela peut paraître surprenant car les résultats du premier tour le donnaient nettement gagnant avec 40,44% des voix contre 30,37% pour Iohannis. Aucuns des autres candidats ne dépassaient les 6% des voix. La tendance s’inverse complètement au deuxième tour avec 54,43% des voix pour Iohannis et 45,56% pour Ponta.

    Iohannis n’est pas non plus le candidat idéal selon un roumain que j’ai rencontré, il est seulement un moindre mal (« the best evil »).

    En France, le pluralisme en période électorale est garanti par des règles spécifiques qui passent par le temps de parole et d’antenne de chaque candidat. En Roumanie, cette disposition n’est certainement pas appliquée. Il y a un affichage conséquent des candidats mais la démesure des candidats favoris dépasse de loin celle d’autres moins connus. Le déséquilibre est frappant : les affichages représentant Ponta sont énormes et dans les places publiques les plus fréquentées. Ceux de Iohannis sont plus petits mais systématiques dans certains quartiers. De plus les candidats utilisent des méthodes publicitaires surprenantes comme déposer dans les boite aux lettres des stylos, des tracts, des briquets à l’effigie et au nom du candidat.

    Iohannis a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille; c’est ce qui l’a mené à la victoire. On observe déjà une mutation dans les hautes sphères de l’Etat avec la mise à jour d’une affaire de corruption impliquant Mme Alina Bica et qui a donné lieu à une série d’arrestation. Elle était l’ancienne chef de la Direction d’investigation du crime organisé et du terrorisme et elle est suspectée d’abus de pouvoir. L’affaire est actuellement en cours d’instruction mais on sent qu’en Roumanie les choses bougent contre ce fléau qu’est la corruption.

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