• Nomination de Martin Selmayr : des hauts et débat

     • Publié le 15 mars 2018 • Rubrique(s) Actualités de l'Union europénne

    Mercredi 21 février, à la surprise générale, Martin Selmayr était nommé secrétaire général de la Commission européenne. En clair ? Il est devenu le patron des 33.000 salariés de la Commission européenne et donc, accessoirement, le premier fonctionnaire européen.

    MS - JCJ

    Jean-Claude Juncker et Martin Selmayr – John Thys / AFP

    Mais le problème n’est pas là, ce n’est pas la nomination de Martin Selmayr qui pose actuellement problème mais surtout la manière dont il a été nommé. Jusque là seulement connu dans la sphère bruxello-bruxelloise, sa nomination l’a révélé au grand jour.

    Mais alors, qui est Martin Selmayr ?

    Arrivé en 2004 à la Commission européenne, il est engagé comme le porte-parole de la Commissaire européenne chargée de la société de l’information et des médias Viviane Redingpuis par la suite en tant que chef de son cabinet, et ce jusqu’en 2014. Après l’arrivée de la Commission Juncker la même année, il devient le chef de cabinet de ce dernier. Beaucoup disent qu’il est celui qui « murmure à l’oreille de Juncker ».  D’une influence extrême, c’est un travailleur acharné, on le décrit également comme étant manipulateur et autoritaire. On le surnomme le « Raspoutine de Bruxelles «  ou encore « le monstre de Berlaymont », par rapport au nom du siège de la Commission européenne.

    À lire : « Qui est Martin Selmayr, le nouvel homme fort de Bruxelles ? », via Ouest-Francehttps://www.ouest-france.fr/europe/ue/ue-qui-est-martin-selmayr-le-nouvel-homme-fort-de-bruxelles-5590954

    Que pose problème dans sa nomination ?

    « Un coup d’état », voilà comment le correspondant à Bruxelles pour le journal Libération, Jean Quatremer, qualifie cette nomination. En effet la procédure pour être nommé aux postes d’encadrement de la Commission européenne – dans l’ordre décroissant – (Directeur général, directeur général adjoint, conseiller principal, directeur et enfin chef d’unité) est conséquente. Sont nécessaires : un appel d’offres public, un oral devant un panel de présélection, un classement par un Comité consultatif des nominations – appelé CCN -, un examen des compétences par un consultant extérieur, un retour devant le CCN, un entretien par le Commissaire qui recrute – en l’espèce l’allemand Günther H. Oettinger – et enfin la nomination par le collège des commissaires.

    Le président de la Commission européenne peut seulement aller chercher le titulaire de ce poste dans la réserve des directeurs généraux (DG) et des directeurs généraux adjoints (DGA), or Selmayr était « seulement » directeur. Le 21 février donc, à 9h30, Jean-Claude Juncker réuni son staff et annonce que Martin Selmayr est nommé secrétaire général adjoint puis coup de tonnerre, le secrétaire général en fonction Alexander Italianer démissionne avant donc d’être remplacé par Martin Selmayr.

    Jeu, set et match. 

    À lire : « UE : Martin Selmayr et les comploteurs » ainsi que « Martin Selmayr braque la Commission européenne » sur Libération 

    Organigramme du, désormais nouveau, secrétariat général de la Commission européenne : 

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    Réactions en chaine au Parlement européen :

    Suite à tous ces événements remuant l’Union européenne, le Parlement européen a ouvert sa session plénière du lundi 12 mars sur ce sujet. Les députés européens de tous horizons, y compris les membres du Parti populaire européen, parti majoritaire au parlement européen ont dénoncé ce parachutage. La députée européenne Françoise Grossetête, membre du Parti populaire européen a déclaré : « Toute nomination ne doit pas être une prise de pouvoir de la haute administration au mépris des règles de procédure ou grâce à des petits arrangements entre amis. ». Elle a ajouté : « Parce que, dans ce cas, quoi de mieux pour nourrir le discours anti-élite, quoi de mieux pour donner du grain à moudre aux eurosceptiques ». 

    Le Parlement européen a chargé, à l’unanimité, sa Commission de contrôle budgétaire (COCOBU) d’enquêter sur la cas de l’éclatante progression de Martin Selmayr au sein de la Commission européenne. Désormais il faudra attendre avril pour la suite des événements.

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