• Visite de Madame l’Ambassadeur de Lettonie en France

     • Publié le 4 février 2015 • Rubrique(s) Actualités de l'Union europénne, Actualités de la Maison de l'Europe

    A l’occasion de la quinzaine lettone, la Maison de l’Europe a convié son Excellence Pavluta-Deslandes, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Lettonie en France pour présenter son pays et les différentes problématiques auxquelles il est confronté. Depuis le premier janvier 2015 la Lettonie est en charge de la présidence tournante de l’Union européenne. Pendant 6 mois, ce pays va prendre en charge les principaux dossiers de l’Union européenne. Cependant, la prise en main de la présidence ne signifie pas une gestion unilatérale. En effet, tout l’enjeu de la présidence pour est de réussir à apporter sa touche personnelle dans la manière d’appréhender l’UE et de la faire avancer tout en s’insérant dans la configuration institutionnelle communautaire.

    Mme l’Ambassadeur a présenté les enjeux de la présidence lettone au prisme de l’Histoire de ce pays lors d’une conférence à l’espace Ouest France de Rennes le 2 février 2015.

    Des problématiques géographiques spécifiques

    La Lettonie est l’un des trois pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), souvent confondus, chacun présente pourtant des caractéristiques qui lui sont propres malgré une Histoire commune au 20ème siècle. Située à la frontière de l’Europe, la Lettonie entretien des relations diplomatiques complexes et compréhensibles au regard de son Histoire avec la Russie. C’est en 1941 avec la violation du pacte germano-soviétique que la Lettonie est envahie par les allemands, suivie en 1945 de l’invasion soviétique. Mme l’Ambassadeur précise que « les conséquences de la seconde guerre mondiale se termineront en 1991 pour les lettons ! ». Suite à la chute de l’URSS en 1991, l’indépendance va être restaurée et le pays va quitter l’économie planifiée pour devenir progressivement libérale. S’opèrent alors des changements très profonds dans la société, il faut par exemple refaire l’ensemble de la législation qui était jusque-là centralisée à Moscou.

    En 2004 se produisent deux changements majeurs car la Lettonie entre dans l’OTAN et adhère à l’Union européenne. L’entrée dans l’UE a été le produit d’une équation simple : « c’est ça ou la Russie ! ». Dès lors, la Lettonie est indépendante mais elle n’est plus seule ! Cette entrée dans l’UE s’est accompagnée d’une forte croissance économique mais en 2008 une crise profonde et une chute du PIB de près de 20% ont eu lieu. A ce moment la Lettonie n’était pas encore dans la zone euro mais ne pouvant plus emprunter sur les marchés, elle s’est tournée vers le FMI et la Banque centrale européenne. Elle a ainsi obtenu des prêts mais avec des conditions très strictes. La politique d’austérité menée alors pour entrer dans les critères de la BCE a permis au pays de vite se redresser et d’entrer dans la zone euro en 2014.

    La présidence de l’UE : de l’Europe lettone à la Lettonie européenne ! 

    La présidence de l’UE est une double opportunité pour la Lettonie de s’ancrer plus profondément dans le paysage européen. Au niveau national, cela va permettre aux citoyens lettons de mieux connaître l’Europe et aux dirigeants de mieux appréhender les rouages institutionnels de l’UE. D’autre part au niveau communautaire, ces six mois de présidence sont une occasion de découvrir la culture lettone et de se focaliser sur ce pays qui, comme le rappelle Mme l’Ambassadeur, a tendance à très méconnu en France et dans les pays d’Europe de l’Ouest en général. Le nouveau challenge est de ne plus raisonner pour les seuls intérêts lettons mais de faire naître du compromis et des consensus pour les 28 pays membres. Les prises de décisions naissent également de consensus au niveau institutionnel. En effet, la présidence doit négocier et travailler en partenariat avec les institutions ainsi qu’avec l’Italie et le Luxembourg qui respectivement, ont précédé et vont reprendre la présidence de l’UE.

    Chaque présidence met l’accent sur certains aspects. Les priorités sont ajustées en fonction de l’actualité, en l’occurrence en ce moment les attentats qui ont eu lieu à Paris début janvier ont eu un impact énorme sur le programme de la présidence de l’UE (et l’ensemble des institutions européennes).

    3 priorités vont donc guider l’action de la Lettonie pendant les 6 prochains mois :

    • La compétitivité :

    Au cœur de la stratégie Europe 2020, la compétitivité regroupe un ensemble de domaines concernant l’emploi, la croissance… Exemple : le plan Juncker, par l’effet de levier et des garanties de la BEI (Banque européenne d’investissement), injection de 315 milliards d’euros dans l’économie européenne. Cette question de la compétitivité introduit les débats concernant l’approfondissement de l’intégration économique de l’UE. La compétitivité regroupe aussi les questions liées à l’écologie et au climat. Des objectifs chiffrés sont adoptés et se traduisent pas des actes législatifs dans chaque Etat membre.

    • Le numérique :

    « La Lettonie est un pays assez pionnier sur le plan numérique et le numérique est lié à la compétitivité » rappelle l’Ambassadeur. Le numérique regroupe un ensemble très hétérogène comprenant notamment les télécoms, les questions de protection des données, de cyber-sécurité, de droits d’auteur…

    • L’Europe engagée ou la place de l’UE dans le monde :

    La politique étrangère de l’UE est dans les mains de la Haute représentante mais la présidence peut l’aider. 2 sujets en particulier : partenariat oriental (Moldavie, Biélorussie, Azerbaïdjan…) et travail aussi avec le sud de la méditerranée car cette zone doit être « contrôlée » pour ne pas augmenter les risques, notamment en terme de terrorisme.

    Questions du public :

    •  Par rapport à la Grèce, quelle est la position de la Lettonie ?

    « C’est un choix que les grecs ont fait le 25 janvier dernier par des élections démocratiques : nous, en tant qu’européens, espérons que les nouveaux dirigeants vont tenir les engagements pris par leur pays (parce que les engagements ont été pris par un pays et non pas par un parti).

    En ce qui concerne le positionnement letton sur l’austérité : la Lettonie est un exemple d’austérité qui a marché. Lorsque la politique d’austérité est menée de manière violente mais courte c’est mieux que si on s’enlise dans des gros problèmes économiques : « mieux vaut une faim horrible qu’une horreur sans fin ». Si on accorde une réduction de la dette grecque ce sont les autres individus européens qui vont payer cette dette. »

    •  Est-ce que la Lettonie va profiter de cette présidence de l’UE pour rétablir le dialogue avec la Russie ?

    « Oui. Le premier ministre s’est déjà déplacé en Russie dans les premières semaines de la présidence. Il faut parler aux russes mais il ne faut pas tout accepter ! Il faut sanctionner certains actes. Les lettons vont ouvrir le dialogue mais il faut que les russes saisissent cette opportunité car, « pour parler il faut être deux ! ». »

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