Écologie en Europe
• Publié le 3 juin 2019 • Rubrique(s) Actualités de l'Union europénne, MDE
Écologie en Europe
A mi-chemin
Si la France, et surtout l’Allemagne, ont créé la surprise en accréditant respectivement leurs partis écologistes de plus de 13% et de plus de 20%, il ne faut pas en déduire que cette poussée verte est générale en Europe.
Certes, d’autres pays ont également fait de bons scores dans ce domaine comme la Finlande ou la Lituanie (16% et 15%) mais la Lettonie, le Luxembourg et le Portugal n’auront qu’un seul député vert chacun et treize autres pays, notamment de l’ancien bloc de l’est, n’auront pas un seul représentant de cette obédience dans le nouveau Parlement.
A la décharge de ces derniers, la pauvreté voire l’absence d’offre écologique dans les programmes de leurs candidats est certainement le reflet de l’intérêt encore relatif de leurs populations pour ces questions. En France, celui-ci étant grandissant, la plupart des partis ont voulu, cette année, apporter des réponses mais dont le nombre et le contenu étaient, selon les étiquettes, particulièrement variés.
Avec d’abord ceux, les plus timides, qui ont préféré continuer à privilégier leur discours sur leur raison d’être initiale : la défense des animaux pour le Parti animaliste, des quartiers populaires pour le Parti révolutionnaire communistes, des banlieues pour la Démocratie représentative, l’apprentissage d’une langue commune pour Europe démocratie espéranto, l’instauration du RIC (référendum d’initiative citoyenne) pour le Mouvement pour l’initiative citoyenne (l’une des trois listes de gilets jaunes) et la lutte contre l’abstention pour Neutre et actif .
Ensuite, quelques candidats ont bien abordé la question mais sans vraiment annoncer de mesures concrètes. Ainsi, engagée pour l’égalité entre hommes et femmes, A voix égales a proposé de « défendre l’équilibre écologique », Lutte ouvrière de « préserver l’environnement », l’Union des démocrates musulmans français de « s’attaquer à de nombreux défis pour protéger la vie et la planète », Debout la France de « garantir un environnement protégé » et le Parti des citoyens européens a exprimé le souhait d’« une Europe plus respectueuse de l’environnement ».
De façon certes plus précise mais avec un programme qui ne se résumait souvent qu’à une seule mesure, on a listé Dissidence française et le Rassemblement national en faveur du « localisme », rejoints par les Patriotes qui non seulement voulait « rendre obligatoire la consommation de produits locaux » mais, comme le RN, entendait « lutter contre les importations étrangères anti-écologiques ». Au chapitre des mono-mesures, on a pu noter également l’ACPLI (pour artisans, commerçants, professions libérales et indépendants) qui mettait simplement en avant « l’économie de proximité » et les deux autres listes de gilets jaunes (Evolution citoyenne et Alliance jaune) qui voulaient juste taxer le fuel et le kérosène.
Enfin dans cette catégorie, il faut souligner les partis qui confiaient la résolution des problèmes environnementaux à un choix, disons, de société. Ainsi, le Parti pirate préconisait qu’on applique au moins les accords de Paris (augmentation de 1,5° C), la Ligne claire pariait sur une « décroissance démographique globale », le Parti pour la décroissance souhaitait plutôt remettre en question la croissance économique, le Parti fédéraliste européen voulait s’appuyer sur un véritable « gouvernement fédéral », l’Union populaire républicaine comptait, au contraire, sur le « Frexit » et l’Alliance royale espérait convaincre les électeurs que le « conseil du roi serait la seule institution [susceptible] de prendre en compte la question de l’environnement avec suffisamment de hauteur et de constance ».
Des milliards pour l’écologie
Parmi les partis les plus sérieusement engagés sur les questions environnementales, on retiendra ceux qui ont décidé de consacrer un budget conséquent à la transition écologique, souvent sur le modèle du Pacte Finance-climat élaboré par Pierre Larrouturou (voir Flash Europe d’avril 2019) et dont le programme a été adopté en l’état par le PS-Place publique et Urgences écologiques. Appartenaient également à cette catégorie « d’investisseurs » Génération.s avec son Green new deal de 500 milliards d’euros sur deux ans, finançables aux deux tiers par des fonds privés, Renaissance (LREM, le Modem) et ses 1000 milliards d’euros sur cinq ans, et Europe Ecologie-Les Verts (100 milliards d’euros par an). A l’exception de Générations.s tous ces partis prévoyaient, en outre, de créer une banque européenne du climat pour financer la transition écologique et le parti présidentiel souhaitait même lui affecter 40% des dépenses européennes. Quant à la liste PS-Place publique, elle envisageait d’attribuer aussi « 70% des resources de la PAC aux pratiques agricoles vertueuses en matière d’environnement ».
Ensuite, plusieurs partis (souvent les mêmes) privilégiaient des mesures fortes pour réduire l’impact carbone en proposant des taxes aux frontières (Rennaissance, Générations.s, Les républicains, Europe Ecologie-Les verts ou France insoumise) ou sur le kérosène (Renaissance et PS-Place publique), en programmant, à plus ou moins brève échéance, la fin des énergies fossiles (France insoumise, Rennaissance, Les républicains), enfin en mettant en place des mesures pour favoriser d’autres types de transports « plus verts » (L’UDI, Allons enfants, ou le PCF).
Derniers combats de taille : la lutte contre les perturbateurs endocriniens et celle contre les pesticides. Pour ces propositions aussi, on a retrouvé des mouvements très engagés dans l’écologie (Générations.s, PS-Place publique, Europe Ecologie-Les verts, Renaissance ou France insoumise). Sans oublier les matières plastiques, autre cheval de bataille de l’UDI et d’Allons enfants.
Mais quelles que soient les solutions proposées, il est important de rappeler qu’il ne s’agissait que des programmes d’un seul membre (la France) de l’Union europénne. Pour qu’ils aient la moindre chance de produire des effets, il aurait fallu, de toute façon, qu’ils soient au moins déclinés sur l’ensemble l’Europe, avant de séduire le reste du monde. Ce qui, comme nous l’avon vu plus haut, est loin d’être le cas.
D.V.
Sources : France Info, Le Monde, L’Obs et les sites web des partis politiques.