• Élections allemandes : Martin Schulz out

     • Publié le 15 février 2018 • Rubrique(s) Actualités de l'Union europénne

    Mardi 13 février, Martin Schulz le président du SPD, le parti de centre-gauche allemand (Sozialdemokratische Partei Deutschlands), a démissionné de ces fonctions. En cause ? Des mauvais résultats aux dernières élections législatives et une collation au forceps avec la CDU / CSU, les conservateurs / chrétiens-démocrates représentés par Angela Merkel.

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    Martin Schulz, le 13 février au siège du SPD, à Berlin. Markus Schreiber / AP

    Après 11 mois de présidence du SPD, Martin Schulz a annoncé hier, au cours d’un point presse à Berlin, qu’il démissionnait de la présidence du parti. Il s’explique sur sa décision : « J’ai annoncé aux instances du parti que je quittais à compter d’aujourd’hui mes fonctions ». « Le SPD a besoin d’un renouveau en termes de personnes et de programme ».

    Deux prétendants sont désormais en course pour succéder au président démissionnaire. Andrea Nahles, actuelle présidente du groupe parlementaire du SPD a été choisie par la direction pour assurer le remplacement de Martin Schulz, mais ce choix devra être soumis au vote des adhérents lors d’un congrès extraordinaire qui aura lieu à Wiesbaden (à l’ouest de l’Allemagne à côté de Frankfort) le 22 avril. Avant ce congrès extraordinaire, c’est le maire d’Hambourg depuis 2011, Olaf Scholz, qui assurera l’intérim. Si jamais Andrea Nahles est élue en avril prochain elle sera la première femme à diriger le Parti de centre-gauche allemand, depuis la création du parti il y a 154 ans.

    Si vous avez manqué les précédents épisodes, séance de rattrapage sur les « chaotiques » élections allemandes et sur ce qui a mené à la chute de l’ancien président du Parlement européen.

    • Le 24 septembre dernier les élections législatives allemandes ont lieu et c’est une victoire en demi-teinte pour la chancelière allemande et son parti la CDU / CSU qui obtient seulement 33 % des suffrages. Les socialistes du SPD menés par Martin Schulz arrivent en deuxième position avec 20 % des suffrages tandis que l’extrême droite (Afd – Alternative für Deutschland – Alternative pour l’Allemagne) établit, malheureusement, son plus haut score depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale avec 13 % des suffrages.

    • Le 18 octobre c’est le début des négociations entre la CDU, la CSU (les conservateurs bavarois), les libéraux-démocrates (FDP), et les Verts. Le SPD dirigé par Martin Schulz préfère siéger dans l’opposition. Les pourparlers sont difficiles tant le spectre politique gauche-droite est large. Deux points de désaccords majeurs ressortent lors de ces négociations : l’immigration et l’environnement, chevaux de bataille des Verts et des Conservateurs bavarois (CSU). Au vu des couleurs de tout ces différents partis, on parle alors d’une coalition dite « Jamaïque » ou « jamaïcaine ».
    • Deux mois après, en novembre, la crise politique se poursuit encore et toujours. Aucun accord n’a été trouvé et l’immigration et l’écologie posent toujours problème entre les Verts et les Conservateurs bavarois. Le dimanche 19 novembre c’est le chef du FDP (libéraux-démocrates) Christian Lindner qui a annoncé le choix de rompre les négociations entamées au lendemain des élections. Il s’explique : « Il vaut mieux ne pas gouverner que mal gouverner ». Lindner explique qu’ils n’ont pu trouver, lors des négociations, « Ni position commune, ni confiance mutuelle. » 
    • Après la tentative manquée d’établissement d’une coalition, le SPD est de retour et l’idée d’un accord centre-gauche et centre-droit revient sur la table. Le SPD ne refuse désormais plus l’idée de conclure un accord de gouvernement droite-gauche qui a déjà été mis en place entre 2005 et 2009 et entre 2013 et 2017.
    • Le 7 janvier des négociations préliminaires ont lieu entre les sociaux-démcorates et les chrétiens-démocrates afin de voir s’il est judicieux ou non d’entamer un texte commun. Un accord est trouvé le 12 janvier mais reste menacé, car il doit être validé par un congrès extraordinaire du SPD le 21 janvier. 
    • Le 21 janvier, le SPD, réuni à Bonn à l’occasion de son congrès extraordinaire, a donné dans la douleur, son consensus pour une ouverture des négociations dans le but évident de former une coalition puis un gouvernement. Résultat du vote :  362 voix pour, 279 voix contre, et une abstention, ce qui reflète bien entendu les mésententes au sein même du SPD. 
    • Après 6 mois de neutralisation politique, des heures de tractations, l’épilogue arrive lorsque le 7 février un accord de coalition est enfin trouvé. Pour Angela Merkel, l’accord s’est fait dans la douleur et elle a dû en payer le prix fort avec notamment la cession de ministères clés (les finances, le travail ou encore la justice.). Martin Schulz obtient le ministère des affaires étrangères mais le cède quelques jours plus tard.

    Sources : Le Monde Tout l’EuropeLe FigaroLes Échos

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