Parlons d’Europe en Région – La pêche : quels défis économiques et environnementaux pour l’Europe ?
• Publié le 21 juin 2016 • Rubrique(s) Actualités de l'Union europénne, Actualités de la Maison de l'Europe, L'Europe en Bretagne, près de chez vous
Le 16 juin 2016 s’est tenu à Saint Malo un débat destiné à adresser les enjeux économiques et environnementaux de la pêche aujourd’hui et à favoriser un dialogue citoyen sur ces questions. Les personnes présentes ont pu s’exprimer et dialoguer sur la pêche, un enjeu qui concerne à la fois la gouvernance européenne, nationale et locale. Cette discussion a eu lieu dans le cadre du cycle « Parlons d’Europe en Région » proposé par les Centres d’Information Europe Direct et permis grâce à Christophe Rouillon, Vice-Président de l’Association des maires de France et membre du Comité des Régions qui a souligné l’urgence de « reconnecter l’Europe avec les citoyens », lutter contre l’euroscepticisme et montrer que l’Europe est à l’écoute, notamment dans le domaine de la pêche.
Le débat s’est déroulé en présence de Claude Renoult, Maire de Saint Malo, qui rappelé que le port de la ville est un lieu où tous les types de pêche sont représentés et qui travaille activement au dynamisme de ce secteur économique grâce à l’obtention de fonds européens, mais aussi Jacques Huchet, Conseiller municipal de Saint Malo en charge des relations internationales, européennes et des jumelages.
L’un des premiers sujets abordés fut celui de l’articulation nécessaire entre l’aspect environnemental et économique autour de ce secteur, comme l’a évoqué André Thomas, rédacteur en chef du Marin et modérateur du débat, mais aussi la nécessité de l’évolution de la Politique Commune de la Pêche (PCP) au niveau européen, une des politiques plus intégrées et des plus fortes à ce jour.
Au cours des dernières années, les décisions prises dans le cadre de cette politique ont été vers un durcissement des règles avec davantage de contrôles, et de quotas pour réduire les captures. Une réforme de la PCP a aussi introduit la mesure du « zéro rejet » pour lutter contre le gaspillage des ressources maritimes, très critiquée par les armateurs qui ne la juge pas efficace mais aussi par Jean Claude Cueff, ancien chef d’unité à la DG Mare de la Commission européenne, qui serait plus en faveur d’outils sélectifs pour éviter la pêche de certains poissons.
L’Union européenne est très active dans le secteur de la pêche, à la fois dans la mise en place des règles mais aussi grâce aux fonds structurels qui permettent de financer des projets et de soutenir les professionnels.
Isabelle Thomas, députée européenne membre de la commission pêche, a tenue à faire des précisions quant au caractère démocratique de la prise de décision dans ce domaine, qui a beaucoup évoluée depuis le Traité de Lisbonne consacrant le rôle du Parlement et du Conseil. Elle a répondu aux professionnels présents, Pascal Lecler, Jean Yves Bourcier et Loïc Escoffier, lorsqu’ils ont évoqués leurs inquiétudes quant à la forte contrainte administrative qui repose aujourd’hui sur les armateurs submergés par les formalités et les nombreuses restrictions à prendre en compte ; il est vrai qu’un effort particulier reste à faire de la part de l’Union européenne sur la question du contrôle et dans la simplification des procédures, mais certaines mesures sont très efficaces, notamment celle du Rendement Maximum Durable (RMD) qui établit une méthode de calcul pour la pêche qui vise à conserver la biomasse pour permettre le renouvellement des espèces.
De nombreux enjeux persistent néanmoins pour ce qui est du contournement des mesures interdisant les quotas transférables entre Etats, de la lutte contre la privatisation des droits de pêche et de l’harmonisation des contrôles grâce au travail de l’Agence européenne de contrôle des pêches. Les professionnels ont aussi évoqué la prévisibilité dont ils ont besoin en tant qu’entrepreneurs et qui est actuellement compromise à cause de l’annualité des quotas de pêche. Ce secteur économique est aussi confronté à des besoins de financement importants pour la construction de nouveaux navires mais aussi à la nécessité d’informer les jeunes dans les lycées maritimes pour leur permettre de rencontrer des professionnels de la pêche et d’avoir conscience de l’exemple à suivre dans cette activité professionnelle. Enfin, ce débat a aussi permis de soulever la question de la pêche dans les grands fonds, caractéristique d’un décalage ressenti entre les mesures existantes et la perception de l’opinion publique, aujourd’hui extrêmement régulée du fait des enjeux environnementaux rattachés à cette pratique.