• Témoignage : Yannick nous raconte son expérience de mobilité à travers son handicap

     • Publié le 30 octobre 2018 • Rubrique(s) MDE

    « C’est en 2015 que j’ai commencé 3 belles années d’expériences à l’étranger. Pour moi ces voyages ont changé ma vie. J’ai toujours été attiré par les autres cultures, depuis mon enfance, j’aimais rencontrer, discuter avec des personnes venues d’ailleurs…

    Si cette passion vient de prime abord, d’un réel intérêt pour les autres cultures, c’était également pour moi une échappatoire, un autre monde pour moi qui me permettait, d’échapper à mon handicap qui rend ma vie difficile. J’ai une maladie génétique, avec notamment, un important problème d’audition, un vrai gros handicap, car les problèmes d’audition ça vous empêche de vous intégrer facilement. Ca vous limite, en cours, pour les sorties ou dans n’importe quelle situation. Et les gens viennent rarement vers vous car « ils ne savent pas s’y prendre » ou ils ont peur de vous… Rares sont ceux qui s’intéressent réellement.

    Ma solution à cela, fut de m’ouvrir au monde. Parler avec des gens venus d’ailleurs me permettait de gommer ce problème. Car, les gens que je rencontrais via internet, me découvraient comme j’étais réellement, ne voyaient pas mon handicap en premier lieu, et au final, quand je leur en parlais, c’est qu’on était suffisamment proche pour qu’ils ne s’enfuient pas à la vue du mot « handicap ».

    En 2014, j’ai voulu apprendre le portugais, je me suis inscrit sur un site pour rencontrer des personnes d’origine étrangères, un site ou on ne pouvait pas mettre de photo de profil, et qui me semblait donc globalement moins superficiel. Et ça a marché, je me suis fait des amis, beaucoup d’amis. Je n’ai jamais été aussi entouré que pendant cette belle période… Je me sentais bien plus heureux. J’ai beaucoup souffert de la solitude dans ma vie, et là, justement, grâce à ce site, j’étais beaucoup moins seul. Et c’est grâce à ces rencontres qu’un jour d’Août 2015, je me suis retrouvé à prendre l’avion à Paris Charles de Gaulle. J’étais tellement fier et heureux ! Mon premier vol long-courrier : Paris-Miami-Guayaquil. Pendant 11 jours, j’étais en Equateur et devais passer 4 jours au Pérou.

    En arrivant en Equateur, j’ai retrouvé une amie, avec qui je discutais depuis déjà 1 an. Une chose qui m’avait frappé, c’était que mon handicap semblait complètement absent. Bien sûr, j’entendais mal, toujours ! Les pays d’Amérique du Sud sont bien plus bruyants qu’en Europe, mais, simplement, les personnes avec qui j’étais, ne le voyaient pas. Ils répétaient quand j’entendais mal, et m’expliquaient quand je n’entendais pas. Si ce voyage était aussi magique, c’est que c’était presque la première fois que je me sentais entouré, sans que mon handicap ne soit jamais une gêne. Mon handicap n’existait pas.

    Je me souviens encore, de cette journée que j’ai passé à Lima, où mon amie était venue m’accueillir à l’Aéroport, à 8h le matin, et on avait passé la journée ensemble. Elle m’avait fait visiter la ville. On avait mangé dans un super restaurant (d’ailleurs la gastronomie Péruvienne est absolument fantastique). Toute une journée où j’ai découvert une ville magnifique, avec une amie formidable, sans que mon handicap ne soit jamais un problème. Je crois que je n’avais jamais autant ressenti la sensation d’être normal et heureux auparavant. Je n’étais pas handicapé, pas malentendant, juste un français qui est allé voir une amie à l’autre bout du monde. Et vous n’imaginez pas la fierté d’être là, sur là côte pacifique, à découvrir un continent qui m’avait toujours fasciné! Je me souviens des rencontres que j’ai faites, mes amies me présentaient leur famille, me parlaient de leur culture. Je leur parlais un peu en français, leur parlais de ma culture. C’était mon premier voyage à l’étranger, et tout ce que je découvrais me fascinait ! Le continent sud-Américain est un continent magnifique, avec de beaux paysages, et de belles personnes. Je vous conseillerai toujours d’y aller !

    Ce voyage à changé ma vie, car pour la première fois, je me suis dis que je pouvais avoir une vie, comme les autres. Je me suis rendu compte que je pouvais être entouré, et que je pouvais être heureux, même avec ce handicap. »

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