C’est à la veille de la réunification Allemande et alors que le processus de mise en commun européen s’accélère et s’intensifie que va naitre le projet d’une chaine franco-allemande à vocation culturelle. L’idée, similaire à celle qui animait les pères fondateurs de l’Union européenne, est de rapprocher les européens, ici surtout les français et les allemands.

La naissance du projet

 Les années 1980 furent marquées par la réalisation de grands projets européens : la création du système monétaire (SME) en juillet 1978, la première élection du Parlement européen au suffrage universel direct (10 juin 1979), la signature de l’accord de Schengen (14 juin 1985), la signature de l’Acte Unique européen (17 février 1986), l’adhésion de la Grèce en 1982 et de l’Espagne et du Portugal (1986), aux Communautés européennes.

C’est dans ce contexte d’effervescence, qu’en 1988 le Président François Mitterrand et le Chancelier Helmut Kohl se prononcent à Bonn lors des 52iem consultations franco-allemandes en faveur de la création d’une chaine franco-allemande à vocation culturelle.

Cette volonté va être portée par les autorités compétentes du côté allemand et français. Il s’agit d’examiner les possibilités de créer une chaine de télévision culturelle franco-allemande dont le siège serait à Strasbourg.

 La concrétisation du projet

Le 2 octobre 1990, à la veille de la réunification allemande, est signé à Berlin par le Ministre français de la culture Jack Lang, et les Ministres-présidents des 11 Länder de l’ex-Allemagne de l’Ouest le Traité interétatique qui entérine la création de « la chaine culturelle européenne », (les cinq Länder de l’ex-Allemagne de l’Est adhèreront au Traité en novembre 1996.)

Les statuts de la chaine sont quant à eux établis en 1991, la chaine est financée à 95% par la contribution à l’audiovisuel perçue dans les deux pays : la chaine culturelle européenne A.R.T.E (Association Relative à la Télévision Européenne) est fondée à Strasbourg où sera situé la Centrale ARTE GEIE. Ces deux autres entités qui sont les deux pôles d’édition et de production, ARTE et ARTE Deutschland TV GmbH se trouvent respectivement à Paris et à Baden-Baden.

Est ainsi crée « une société de télévision commune et indépendante à vocation culturelle et européenne ayant son siège à Strasbourg [et] dénommée « Chaîne Culturelle Européenne » (CCE), [pour] consolider la compréhension et le rapprochement entre les peuples en Europe [et] offrir aux citoyens de l’Europe une chaîne de télévision commune qui soit un instrument de présentation du patrimoine culturel et de la vie artistique des Etats, des régions et des peuples de l’Europe et du monde ».

Elle a pour mission de : « concevoir, réaliser et diffuser ou faire diffuser (…) des émissions (…) ayant un contenu culturel et international au sens large, et propres à favoriser la compréhension et le rapprochement des peuples en Europe ».  Dès le 28 septembre 1992 : ARTE diffuse en France dès 19h sur le réseau hertzien, auprès de 72% des foyers.

 Vers davantage de numérique

Véronique Cayla, est depuis 2011 la présidente du directoire d’Arte France (le pôle français), tandis que l’Allemand Tom Buhrow est depuis 2018 président d’Arte Deutschland (le pôle allemand).

Véronique Cayla devant le CAVP, lors d’un dîner-débat du Club audiovisuel de Paris (CAVP), dont elle était l’invitée d’honneur au Sénat le 21 octobre dernier.

• «  Nous sommes la première chaîne délinéarisée, ce qui a permis de rajeunir notre public, grâce au site web arte.tv (mettre lien), qui propose aussi bien le flux de la chaîne identique à l’antenne [voir audience p.10] que les programmes en catch up, voire de plus en plus en avant-première avant leur diffusion. »
• « Nous consacrons 8% de notre budget au numérique, ce qui est, je crois, le pourcentage le plus élevé [de l’audiovisuel français, ndlr] Prochaine étape et non des moindres : lancer ‘’une plateforme numérique européenne’’ de télévision (linéaire et délinéarisée), une sorte de ‘’Molotov européen’’. » (service français de distribution de chaînes de télévision par Internet lancé le 11 juillet 2016 dont l’offre de base est gratuite.)

(source : http://www.editionmultimedia.fr/2019/10/28/arte-fete-ses-30-ans-et-va-se-dechainer-encore-plus-avec-sa-plateforme-europeenne-prevue-a-lautomne-2020/ )

 Le caractère très européen de la chaine

• « Au-delà de son ADN franco-allemande et grâce au numérique, la chaîne Arte est de plus en plus paneuropéenne, et de par ses accords de coproductions avec d’autres chaînes publiques en Europe : la RAI en Italie, RTBF en Belgique, l’ORF en Autriche, la SRG SSR en Suisse ou encore l’Yle en Finlande.
• « ARTE est aussi la seule chaîne au monde à héberger une rédaction bi-nationale, et même européenne, et à proposer depuis Strasbourg un journal, des reportages d’information et des magazines tournés vers l’international et ouverts sur le monde »
• « Avec son offre en six langues accessible dans toute l’Europe, ses coproductions avec les autres chaînes publiques et sa relation de fidélité avec les créateurs de tout le continent, ARTE est aujourd’hui un acteur incontournable du paysage audiovisuel européen et donne à voir sa richesse culturelle, ses lignes de faille, ses valeurs fondatrices. »

 (source : http://www.editionmultimedia.fr/2019/10/28/arte-fete-ses-30-ans-et-va-se-dechainer-encore-plus-avec-sa-plateforme-europeenne-prevue-a-lautomne-2020/)

Un soutien naturel de l’UE

« Les deux pôles – Arte France et Arte Deutschland – fournissent actuellement chacun 40 % des programmes, les 20 % restants sont produits par Arte GEIE. Accessible grâce au numérique en six langues, grâce à une aide financière de la Commission européenne pour le sous-titrage qui coûte cher, les contenus d’Arte sont aujourd’hui visionnés par 70 % des Européens dans leur propre langue. ‘’Nous sommes très contents de ce résultat et ferons tout pour atteindre les 90 % ou les 100 %’’, a promis le 10 avril dernier Véronique Cayla lors de son audition par la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat. »