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Le réseau des centres EUROPE DIRECT  de Bretagne et Pays de la Loire a proposé, jeudi 9 octobre, un webinaire pour débriefer le discours sur l’état de l’Union 2025. Les intervenants se sont montrés à la fois optimistes mais critiques face aux déclarations de la Présidente de la Commission européenne.

Illustration Etat De L'union 2025

« Les Européens sentent la terre tremblée », propos d’Ursula von der Leyen lors de son discours sur l’état de l’Union 2025 (crédit photo : @Commission européenne)

« En utilisant le présent dans son discours, Ursula von der Leyen est apparue en cheffe de guerre. » Les propos de Iulia Badéa Guéritée, journaliste à Courrier International, ont donné le ton du débrief proposé par les 8 centres EUROPE DIRECT de Bretagne et Pays de la Loire, en webinaire jeudi 9 octobre. Autour de Stéphan Allanic, modérateur et directeur de la Maison de l’Europe Le Mans-Sarthre, Iulia Badéa Guéritée, Olivier Brunet, conférencier Team EUROPE DIRECT des Pays de la Loire, et Liam David, membre des Jeunes Européens – Nantes. Pendant 45 minutes, ils ont ensemble tenté d’analyser les propos de la Présidente de la Commission européenne lors du discours sur l’état de l’Union, le 10 septembre. Un discours annuel que délivre cette dernière devant le Parlement européen. « C’est un exercice difficile », précise Olivier Brunet. Elle doit défendre les actions de sa Commission tout en envisageant le futur pour l’Union européenne.

Deux grands axes : la défense et la compétitivité.

Sur 1h15 de discours, Ursula von der Leyen a longuement parlé de la défense européenne. En réaction à la guerre russe en Ukraine, elle déclare : « Nous défendrons chaque centimètre carré de notre territoire ». Iulia note que ce discours sonne comme une reconnaissance du travail des pays de l’Est de l’Union européenne, en première ligne. « C’est une posture qui lui va très bien », comme un rappel de son passage au ministère fédéral de la Défense en Allemagne, entre 2013 et 2019. Mais les promesses n’ont pas été forcément de pair avec des propositions concrètes. Par exemple, elle n’est pas revenu sur le livre blanc de la défense, publié en mars 2025, qui est pourtant une avancée majeure vers une véritable stratégie pour une défense européenne. « Son constat est sombre et montre un aveu d’impuissance » pour Liam David. Il note le passage fort sur Gaza mais se questionne sur la temporalité : n’est-ce pas tardif ?

Olivier Brunet est revenu sur la deuxième grande partie du discours : la compétitivité européenne. « Il y a une difficulté : c’est un discours sur le court terme. Cela pose des limites dans les propos d’Ursula von der Leyen. » Elle est revenue sur le rapport Draghi, publié en 2024, avec une approche critique « mais qui a mis du temps à arriver. » Olivier explique que l’Union européenne décroche depuis 20 ans sur la compétitivité. Il se questionne sur le « totem de la simplification » porté par le groupe PPE au Parlement européen et repris par la Présidente de la Commission. Dans ce passage, Von der Leyen a expliqué que l’accord commercial avec les États-Unis était « le meilleur accord possible », que le Mercosur a du sens et a exprimé une volonté de s’ouvrir vers le marché indien. « C’était assez bien articulé » pour Olivier Brunet.

Les grands absents : le climat, la santé et l’élargissement.

Malgré un long discours, « pas fait pour les jeunes » pour Liam, les intervenants ont regretté l’absence de plusieurs sujets dans les propos de la commissaire allemande. Alors que l’Union européenne a fait adopté ces dernières année un des textes les plus ambitieux sur les changements climatiques, « on note un recul sur le Pacte vert » d’après Olivier Brunet. « Elle n’a pas eu un mot sur la santé »  regrette Iulia Badéa Guéritée. Enfin, Olivier Brunet se dit déçu qu’Ursula von der Leyen n’ait jamais évoqué la politique régional de l’UE ainsi que l’élargissement. Alors que Maia Sandu, présidente de la Moldavie (pays candidat), s’était exprimée la veille devant les parlementaires européens. L’éducation, pourtant portée par le programme Erasmus+, n’a pas non plus été évoquée.

Un dialogue difficile avec le Parlement européen

À la suite de son discours, Ursula von der Leyen a pu écouter les chefs des groupes parlementaires du Parlement européen. « Le dialogue est compliqué avec celui-ci » note Olivier Brunet. Elle n’a reçu le soutien appuyé que du PPE, devant affronter des critiques dont celles de Renew Europe, pourtant pas habitué à jouer ce jeu. L’allemande a du faire face à deux motions de censure lundi 6 octobre, déposées par La Gauche et Les Patriotes, qui ont résulté par une non-adoption par les parlementaires. Pour les intervenants, Ursula von der Leyen semble seule. Elle n’a pas eu un mot pour le collège des commissaires, ni pour le Conseil de l’UE. « Il y a un risque de présidentialisation dans cet exercice » pour Olivier. 

En conclusion, les trois intervenants espèrent de jours meilleurs pour l’Union européenne. « L’Europe a des envies mais n’a pas les moyens pour les mettre en œuvre » termine Liam David.

Youenn Louedec-Debroise

Le webinaire est accessible en rediffusion, sur Youtube.