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Webinaire Giuliani 03Monsieur Jean Dominique Giuliani, Président de la Fondation Robert Schuman,
est intervenu sur le thème :
« Face à la pandémie, qu’a fait l’Union européenne pour soutenir l’économie européenne
et que peut-elle faire pour l’aider à se reconstruire ? »
 
Deux remarques préliminaires :

1°/ Tout projet européen ne peut se juger que dans le temps long et pas dans l’immédiat. Pour apprécier la situation, nous avons besoin de recul.

2°/ L’UE est méconnue. Robert Schuman a porté sur les fonds baptismaux les fondations d’une Communauté d’Etats qui depuis se structure … Mais aujourd’hui nous sommes tellement habitués à ce cadre qu’est l’UE, à ses appuis, au confort qu’elle offre, ainsi qu’à sa monnaie stable, qu’on ne voit plus ce qu’elle apporte.

OÙ EN SOMMES-NOUS ?

La construction de l’UE s’est faite « pas à pas », en organisant tout d’abord une action commune, concrète, modeste qui en a entrainé d’autres. Ceci explique l’inachèvement actuel de la construction européenne. Il y a eu la CECA en 1951, le marché commun en 1957, la PAC, la politique commerciale avec un marché intérieur sans frontières, une BCE indépendante … et aujourd’hui nous continuons de construire, de consolider cette Union au vue des besoins que rencontrent ses Etats membres confrontés aux vents du monde.

Nous sommes dans un moment de bascule entre nos méthodes d’autrefois et la coopération indispensable à notre survie. Nous devons aller vers un système de plus en plus intégré, si nous voulons rester au cœur du monde. Ceci exige de réussir à prendre des décisions solidairement, tout en respectant nos identités, nos traditions différentes (ce qui rend notre fonctionnement difficile à comprendre). Mais, aujourd’hui, cette avancée est plus nécessaire que jamais car nous sommes face à de nouveaux défis qu’il nous faut maîtriser comme ceux de la défense européenne, de la révolution démographique, des migrations, les pandémies… Forts des valeurs qui nous animent, n’ayons pas peur, car face aux grandes puissances comme la Chine, même si nous sommes un petit Etat par notre taille, au sein de l’UE notre démographie représente 470 millions d’habitants et nous sommes la 1ère puissance commerciale du monde.

QU’AVONS-NOUS FAIT FACE À LA PANDÉMIE ?

Le premier mouvement de peur, de crainte face à ce virus s’est manifesté par un repli  au niveau des Etats membres de l’UE, repli excessif ou non, les scientifiques ne pouvant cerner sa réalité, l’avenir nous le dira. Ce mouvement a entraîné les gouvernements du monde entier à ordonner des confinements et, en quelques semaines, le moteur économique et social des sociétés s’est arrêté : quelque chose d’inédit ! L’ampleur de la peur et les mesures prises ont provoqué presque partout la fermeture des frontières. Etait-ce aussi un appel au retour de l’Etat ou au contraire un appel à s’ouvrir ? En fait, pendant cette période, l’Etat, dans chaque pays, a montré ses limites : il a échoué à protéger le citoyen du virus, comme l’a dit Angela Merkel. L’Etat, en effet, n’a pas réussi à couvrir l’ensemble de nos besoin : et, lorsque l’Etat n’avait manifestement pas les moyens de nous protéger et de nous soigner, nous avons spontanément choisi d’apporter nos savoir-faire, de coopérer avec nos proches.

En ce sens, cela nous rappelle la position des Pères fondateurs de l’UE, qui, à un moment très sensible, ont eu le courage et la volonté, pour surmonter les difficultés, d’unir leurs forces.

Ce premier mouvement qui a rappelé ce que peut être l’Europe des Nations a été un « premier grand bazar ».

Heureusement est arrivé un 2ème mouvement européen et international :

PERSPECTIVES ?

Maintenant il faut finaliser le budget européen pour les 7 années à venir, budget dans lequel on inclura toutes ces évolutions. Ensuite aux États membres et aux Institutions européennes de jouer le jeu :

Mais il reste encore tant à faire par exemple: réussir à relever le niveau de la recherche dans le secteur du numérique, de la technologie et pour cela y mettre les moyens financiers nécessaires ; arriver à agir correctement dans ces domaines ouvrira des perspectives très intéressantes. Nous aurons aussi à adapter les règles que nous nous sommes données face aux situations difficiles que rencontrent certaines professions, aujourd’hui

UN APPEL EN GUISE DE CONCLUSION

Mais à tout cela nous devons pouvoir exprimer la fierté d’appartenir à ce grand ensemble, que représente l’Union européenne, ce pôle inestimable de notre humanité qui n’a pas sombré dans le populisme, mais qui reste le modèle d’une société libre et solidaire. Ne rêvons pas : nous avons ce modèle, nous y sommes attaché. Il reste maintenant à le promouvoir, ceci est à l’agenda de la Commission avec ses perspectives ambitieuses.

N’oublions pas que l’Europe est le « cœur du monde ». Elle a inventé la mondialisation. Tout en restant ce modèle de liberté qui développe des solidarités. Nous en sommes le « cœur vivant avec son héritage culturel, politique et social généreux ». Le défendre, le promouvoir et être capable de prendre des décisions même si elles n’apparaissent pas immédiatement positives… C’est là où il faut du courage.

Notes de conférence de Jeanne-Françoise Hutin