• Grèce : la commission des affaires économiques prend la parole.

     • Publié le 20 juillet 2015 • Rubrique(s) MDE

    Le plan de sauvetage de la Grèce, conclu les 12-13 juillet lors du sommet de la zone euro sur la Grèce, a fait l’objet d’un débat ce jeudi en commission des affaires économiques et monétaires. Les députés ont donné leur avis sur l’accord conclu par la Grèce et ses créanciers, le fonctionnement de la zone euro, le rôle joué par le Parlement européen, et la future implication du PE pour contrôler la mise en œuvre de l’accord.

    Le président de la commission parlementaire, Roberto Gualtieri (S&D, IT), a salué dans l’accord l’engagement explicite de s’attaquer à la future restructuration de la dette grecque, ajoutant que l’accent devrait être mis sur les échéances de la dette plutôt que sur une « décote ». Il a également affirmé que la méthode intergouvernementale pour négocier de tels accords s’était révélée inefficace, car les réactions négatives des politiques nationales compliquaient la conclusion d’un compromis. Selon lui, il faudrait avoir davantage recours à la méthode communautaire, avec notamment l’implication du Parlement européen pour contrôler les modalités d’application.

    Giorgos Kyrtsos (PPE, EL) a estimé que l’accord du sommet de la zone euro était loin de représenter la solution à la crise en Grèce. La situation est désormais pire qu’avant les récentes élections, avec un PIB en déclin, un déficit budgétaire énorme et un gouvernement qui, au lieu d’accepter « la propriété » du programme de réformes, continue de prendre une position idéologique fortement susceptible de créer l’instabilité politique, a-t-il ajouté.

    Maria Joao Rodrigues (S&D, PT) a qualifié l’accord d' »inéquitable et non durable ». Selon elle, l’accord a été torpillé à cause du recours à la méthode intergouvernementale plutôt que communautaire. La consolidation fiscale ne doit pas empêcher la reprise et des réformes rigoureuses sont nécessaires. Elles doivent se concentrer sur des priorités comme une meilleure perception des impôts, plutôt que la réduction des pensions pour les plus démunis, a-t-elle affirmé, ajoutant que le fonds de privatisation proposé devrait fonctionner comme un fonds d’investissement pour le peuple grec.

    Notis Marias (ECR, EL) a souligné que la dette grecque était insoutenable, estimant que les ajustements fiscaux imposés par les créanciers ont contribué à propulser plus de 40% de la population grecque sous le seuil de pauvreté. La Troïka a voulu prendre la souveraineté de la Grèce et ses prescriptions ont divisé la zone euro entre prêteurs et emprunteurs, entre forts et faibles, a-t-il expliqué.

    Cora van Nieuwenhuizen (ADLE, NL) a fait valoir que nul n’était heureux de l’accord du sommet de la zone euro. Après tant de sommets, d’accords et de négociations, la confiance a disparu, et pourtant, les négociations doivent se poursuivre, mais espérons-le maintenant dans une meilleure atmosphère. Le marché du travail et d’autres réformes sont indispensables, mais comment ce gouvernement peut-il les mettre en œuvre lorsque les précédentes qui étaient plus accommodantes ont échoué?, a-t-elle demandé.

    Dimitrios Papadimoulis (GUE/NGL, EL) a avancé que le gouvernement Syriza du haut de ses cinq mois d’ancienneté ne doit pas être tenu responsable des erreurs des 40 dernières années en Grèce. Le rôle clé dans les négociations a été joué par l’Allemagne et ses alliés, a-t-il dit, tandis que ceux de la Commission européenne et du Parlement européen n’ont été que secondaires. Le « Grexit » (la sortie de la Grèce de la zone euro) devrait être « supprimé de notre vocabulaire ». La voie d’avenir la plus démocratique était pour le gouvernement Syriza « de faire les changements et de se débarrasser de l’oligarchie », a-t-il conclu.

    Ernest Urtasun (Verts/ALE, ES) a qualifié les réformes réclamées à Athènes de « programme économique kamikaze, imposé comme une punition politique ». Le Parlement européen devrait dénoncer le fait qu’un État membre de l’UE ait « menacé un autre d’une expulsion de la zone euro », a-t-il ajouté.

    Jonathan Arnott (EFDD, UK) a déclaré que la Commission européenne et le Conseil européen avaient passé des années à dire que la crise en Grèce était de sa propre faute, mais veulent maintenant que les pays hors de la zone euro, comme le Royaume-Uni, contribuent au nouveau renflouement. La Grèce « traverse des conditions inimaginables » et a désormais peu de chances de payer ses dettes. Cet accord pourrait bien avoir ouvert la boîte de Pandore, a-t-il conclu.

    Gerolf Annemans (ENL, BE) a dénoncé l’accord comme un « scandale, dénigrant et sans valeur ». La seule lueur d’espoir est que le « Grexit est toujours une option », a-t-il dit en soulignant que laisser la Grèce rejoindre la zone euro avait été une « erreur historique », mais tout le monde est maintenant inquiet du fait que la laisser en sortir pourrait avoir des effets boule de neige sur le Portugal, l’Espagne et même la France. »

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