• Comprendre l’accord UE-Mercosur

     • Publié le 26 juillet 2019 • Rubrique(s) Actualités de l'Union europénne

    Après 20 ans de négociations, un accord commercial entre l’UE et les 4 pays membres du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) a été conclu. Désormais, l’accord doit être ratifié par chaque État membre avant de pouvoir entrer en vigueur. Cependant, rien n’est moins sûr car certains États ont déjà annoncé être réticents voire opposés à cette ratification.

    L’un des plus grands accords commerciaux du monde

    La zone couverte par l’accord représente pas moins de 700 millions de consommateurs, ainsi que le quart du PIB mondial. C’est un accord de libre-échange de nouvelle génération, c’est-à-dire qu’il vise à réduire les droits de douane entre États mais aussi à diminuer d’autres entraves au commerce. Cela concerne par exemple l’accès aux marchés publics. Il implique également l’harmonisation des normes, qu’elles soient sanitaires, sociales, techniques ou environnementales.

    Le Mercosur est un marché particulièrement intéressant pour l’économie européenne. En effet, il s’agit d’une destination importante pour les biens (45 milliards d’euros en 2018) et les services de l’UE (23 milliards d’euros en 2017). De même, les exportations de l’UE vers le Brésil soutiennent déjà à elles seules 855 000 emplois dans l’UE selon la Commission européenne. L’objectif de l’accord est d’augmenter ces chiffres grâce aux nouvelles opportunités pour les secteurs d’exportation clés de l’UE.

    Relever des défis communs

    Le but de l’accord réside aussi dans sa poursuite d’objectifs communs. Tout d’abord, l’UE assure maintenir ses normes sanitaires pour les aliments importés sur son territoire. Par ailleurs, le principe de précaution est réaffirmé. Cela signifie que les deux parties ont le droit d’adopter des mesures protectrices, même si les informations scientifiques ne sont pas concluantes. De la même manière, l’accord comprend un mécanisme de sauvegarde. Il les autorise à réglementer temporairement les importations si elles sont susceptibles « de causer un préjudice grave à leur industrie ».

    Ensuite, l’Union européenne et le Mercosur s’engage à promouvoir le développement durable. Cela passe notamment par la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat. Ils conviennent également de ne pas abaisser les normes en matière de travail ou d’environnement afin d’attirer les investissements.

    Division entre européens

    Malgré la satisfaction de la Commission européenne, l’accord a suscité de nombreuses réactions de désapprobation. Les agriculteurs et éleveurs européens craignent l’arrivée d’une concurrence déloyale en dépit des garanties de l’accord. La Copa Cogeca, principal syndicat agricole dans l’UE, dénonce « une politique commerciale à deux poids et deux mesures », qui élargit « le fossé entre ce qui est demandé aux agriculteurs européens et ce qui est toléré des producteurs du Mercosur ».

    De plus, certains estiment que l’accord est incompatible avec les objectifs climatiques. Il existe aujourd’hui une grande différence entre les normes environnementales des deux territoires. La politique de Jair Bolsonaro, président du Brésil, inquiète particulièrement les ONG. En effet, elles estiment que l’accord lui donnera une légitimation internationale sans arriver à lui faire respecter l’environnement ni les droits humains. Reste donc à savoir si l’accord pourra contraindre efficacement les parties.

    Pour en savoir plus sur l’accord UE-Mercosur, nous vous mettons à disposition un résumé rédigé par la Commission européenne.

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