• Entretien avec Madame Luherne, chargée de coordination du projet européen Digi New B

     • Publié le 30 novembre 2018 • Rubrique(s) Actualités de l'Union europénne, L'Europe en Bretagne, près de chez vous, Tout sur l'Europe

    Dans le cadre du programme européen H2020, le projet Rennais Digi New B a reçu des financements européens à hauteur de 4,4 millions d’euros en fin 2015. Le lancement officiel fut le 31 mars 2016 et il reste l’unique projet français retenu dans un appel dédié à la médecine personnalisée. Afin de mieux comprendre l’ampleur du projet, nous avons souhaité poser quelques questions à Maude Luherne, la Chargée de coordination du projet européen Digi New B.

     

    Bonjour Madame Luherne, pouvez-vous nous expliquer qui vous êtes ?

    Je suis Maude Luherne, la « European Project Manager du Digi New B project » (Chargée de coordination du projet européen Digi New B). Je suis en charge de la coordination, au jour le jour, du projet européen en soutien au coordinateur, le professeur Pladys, qui est professeur au CHU de Rennes.

    Digi New B, c’est un projet qui a pour objectif de développer un nouveau système, non-invasif, d’observation des nouveau-nés prématurés avec comme objectif principal de pouvoir détecter précocement les infections parmi les nouveau-nés prématurés.

    Ce nouveau système est basé sur une multitude de données avec notamment l’acquisition de données vidéo, de sons, mais aussi du rythme cardiaque, de la respiration et qui vont permettre de pouvoir calculer un indice de risque pour chaque nouveau-né, indice qui sera personnalisé avec le suivi hospitalier de chacun d’eux.

    Le projet a commencé en mars 2016 et va se terminer en 2020. Donc à l’issue 2020, nous souhaitons aboutir à un système qui soit fiable, robuste, et qui puisse vraiment aboutir à une amélioration du quotidien du soin des équipes professionnelles et également à une amélioration pour les parents.

     

    Comment l’idée de ce projet vous est-elle venue ? Quelle est l’origine de ce projet ?

    C’est un projet européen qui a été monté par le professeur Pladys (professeur au CHU de Rennes) et le professeur Carrault (professeur à l’Université de Rennes 1) qui travaillent depuis de très longues années ensemble. Ils ont eu l’idée avec des CHU du grand ouest de monter un métaprojet sur le développement d’un nouveau système qui permettrait d’observer les nouveau-nés prématurés. C’est dans ce cadre là que l’idée est venue.

    Ils ont ensuite participé à une réunion d’information sur les appels à projets européens, et c’est ce qui leur a permits d’avoir l’idée de se tourner vers l’Europe. C’était une excellente opportunité de pouvoir partager leurs expériences et leur travail avec d’autres partenaires européens. Ils se sont donc lancés dans un projet européen.

     

    Comment s’est organisé le montage du projet entre tous les partenaires européens ?

    Le projet s’est organisé au travers de différents niveaux de partenariats. Il y a d’abord eu une coordination au niveau du réseau HUGO (réseau des Hôpitaux Universitaires du Grand Ouest). Ce réseau est composé des 6 CHU du grand ouest. Ensuite, ce groupe de CHU a développé l’étude clinique qui travaille en coopération avec les partenaires européens, et les deux PME liées au projet.

    Ces partenaires ne travaillent pas tous seuls, ils travaillent également avec des chercheurs des universités qui sont également parties prenantes du projet.

    L’université de Rennes 1 traite toutes les données qui sont accumulées dans les différents centres, à la fois les données vidéos, les données cardiaques, ou encore les données de respiration.

    C’est le laboratoire du traitement du signal et de l’image qui réalise ce travail avec toutes leurs équipes de chercheurs et réalisent des analyses.

    Ces analyses sont envoyées au partenaire finlandais, l’Université de Tampere, qui travaille sur tous les aspects d’intelligence artificielle et de développement des prédictions qui vont permettre d’avoir un vrai suivi personnalisé de chaque nouveau-né.

    L’Université de Galway a apporté des compétences sur l’analyse des besoins, des cas d’usage et de l’utilisation du dispositif dans le quotidien des soignants .

    Enfin, l’Université de Porto travaille sur les aspects fœtaux et le développement d’analyse spécifiques liés à certains algorithmes.

     

    De quelle façon s’est organisé le montage du projet ?

    Le montage du projet s’est organisé en plusieurs étapes. Les partenaires français se connaissant déjà ont construit une première idée du projet auquel s’est très vite rajouté des contacts européens qu’ils avaient déjà, et notamment en Finlande et au Portugal. Ensuite, c’est grâce à une organisation qui s’appelle ID2Santé (un réseau régional de PME dans le domaine de la santé) qui a été sollicité pour trouver des partenaires PME à l’étranger, c’est très important dans un projet européen d’avoir des entreprises qui rejoignent le projet.

    C’est donc ainsi, qu’à la fois une PME irlandaise et une université irlandaise ont rejoint le projet pour atteindre les compétences demandées dans le cadre de son développement. Tout cela a mis à peu près un an à se réaliser. Nous avons bénéficié d’un dispositif régional de financement pour financer des pré réunions de consortiums pour pouvoir finaliser le projet avant sa soumission.

     

    Quel est le rôle de chacun des partenaires dans le projet ?

    Il y a deux types de partenaires.

    Le premier groupe comprend ceux qui sont impliqués dans le projet européen en tant que tel, soit les universités et les PME.

    L’Université de Rennes 1 a pour rôle de traiter toutes les données qui sont accumulées au sein du projet et de réaliser des algorithmes de traitement pour pouvoir faciliter leur analyse dans le cadre du développement du système.

    L’Université de Tampere a pour but d’appliquer les aspects de Machine Learning, d’apprentissage et d’intelligence artificielle pour pouvoir développer les prédictions et les indices composites qui vont entrer dans le calcul de l’indice de risque d’infection et de maturation.

    L’université de Porto qui a pour but de travailler sur tous les indices liés à l’analyse fœtale sur le rythme cardiaque.

    L’Université de Galway étudie l’utilisation et l’ergonomie du système.

    Une PME irlandaise qui a pour but de nous accompagner sur tous les aspects d’exploitation et de commercialisation et d’intégrer au sein d’un système général tous les aspects du système Digi New B. Ils nous accompagnent pendant toute la durée du projet sur l’interface et la finalisation du système.

    La deuxième PME a développé tout le système d’acquisition des données vidéo et sons. Ils ont crée le prototype qui sert a enregistrer les données dans les couveuses des nouveau-nés et sur tout le suivi du support technique dans les différents centres.

    Le deuxième groupe de partenaires dans le cadre de Digi New B : il s’agit des 6 grands CHU du grand ouest qui sont impliqués dans l’acquisition de toutes les données liées à l’observation des nouveau-nés prématurés. Ils sont engagés dans chacun des centres des infirmières spécialisées de recherche qui ont pour but d’installer les dispositifs, de récupérer les données et de nous les transférer à Rennes pour qu’on puisse les analyser et enfin les envoyer traitées au partenaire finlandais. C’est une coopération qui va du local à l’européen.

     

    Une suite est-elle envisagée pour le projet Digi New B ?

    Oui, nous souhaitons continuer la suite de Digi New B, c’est une expérience très positive, un projet européen, c’est plein de défis, de mélanges culturels, d’apprendre à travailler ensemble, c’est très positif dans ce sens-là. Ça permet vraiment d’aller sur une envergure qui est différente, beaucoup plus large et qui permet également à la fois de traiter des aspects scientifiques, mais également de vraiment aller dans le détail de la mise en innovation d’un projet et de construire un produit qui dure sur l’après-projet.

    L’après-projet :  dans l’idée, on aimerait poursuivre l’aventure européenne  avec une subvention européenne ou éventuellement de travailler sur des minis-projets avec certaines entreprises ou avec un autre groupe d’université ou chercher des compétences que nous n’avons pas eu jusqu’ici. C’est une aventure qui continuera dans tous les cas.

     

    Quel est l’impact de ce projet européen au quotidien ?

    C’est un projet européen qui a beaucoup d’impact au quotidien sur les citoyens, dans la vie du projet au jour le jour, et cela implique deux groupes de personnes. Déjà les familles, les parents des nouveau-nés hospitalisés qui acceptent de participer à l’étude et qui nous aide énormément à faire avancer le projet en acceptant que leur nouveau-né puisse être observé et qu’on puisse acquérir toutes ces données sur leur enfant, c’est une grande valeur ajoutée pour nous au jour le jour.

    Nous avons aussi le soutien de l’association nationale SOS Préma qui est une association qui représente les parents des nouveau-nés prématurés qui est impliqué dans le conseil scientifique du projet et qui nous aide aussi au quotidien à poser des questions aux parents et les impliquer dans le travail du projet

    Le deuxième groupe de personnes, ce sont les soignants qui nous aident énormément au jour le jour pour le projet à nous  assurer que le système fonctionne, à s’assurer également que la dynamique de recherche dans le service soit positive et quelle puisse se dérouler correctement. Les soignants sont impliqués dans une démarche spécifique d’analyse d’impact du système et en particulier de l’utilisation de la nouvelle interface qui sera celle de Digi New B. C’est le rôle de l’université de Galway c’est de questionner les soignants sur leur perception du système.

    Nous analysons à la fois la perception de l’interface et également l’utilisation d’un système vidéo dans les services de néonatalogie.

    C’est tout ce travail d’implication à la fois des soignants et des parents au quotidien qui pour nous va faire un vrai impact pour le projet Digi New B.

     

    Pour plus d’information : www.digi-newb.eu

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