Présidence tournante : la Roumanie prend la tête de l’Union européenne
• Publié le 10 janvier 2019 • Rubrique(s) Actualités de l'Union europénne, Tout sur l'Europe
Depuis ce 1er janvier 2019, la Roumanie assure la présidence du Conseil de l’Union européenne. C’est la première fois que cet Etat membre assume cette fonction, ce qui n’est pas sans poser quelques inquiétudes dans un contexte européen déjà tendu à l’approche des élections.
Qu’est-ce que la « présidence tournante » du Conseil de l’Union européenne ?
Depuis 1958, date d’entrée en vigueur du traité ayant institué la Communauté économique européenne, ancêtre de l’Union européenne, chaque Etat membre préside tour à tour le Conseil de l’Union européenne pour une période de six mois. Ainsi, lorsqu’il assure la présidence du Conseil, l’Etat en question est chargé de deux missions principales :
- L’organisation et la présidence de l’ensemble des réunions des différentes formations du Conseil de l’UE. Par exemple, le conseil Ecofin, chargé des décisions relatives à la politique économique de l’Union sera présidé par le ministre de l’économie du pays assurant la présidence tournante.
- L’élaboration des compromis susceptibles de résoudre les problèmes politiques.
Le traité de Lisbonne de 2009 a profondément modifié cette fonction, différenciant la présidence du Conseil européen de celle du Conseil de l’Union européenne. Ce n’est donc plus le chef d’État ou le chef de gouvernement du pays présidant le Conseil de l’Union européenne qui dirige également les sommets européens, le Conseil européen disposant de son propre président nommé pour deux ans et demi (dont le mandat est renouvelable une fois).
La Roumanie à la tête de l’Union européenne : l’amplification d’un climat politique déjà tendu ?
Ayant pour ambition de favoriser l’implication dans les affaires européennes des dirigeants et de renforcer le sentiment d’appartenance à l’Union de l’opinion publique du pays concerné, cette présidence roumaine pourrait bien susciter l’effet inverse !
En effet, la récente ingérence du gouvernement roumain dans la réforme de la justice du pays n’a pas été du goût de Bruxelles, Jean-Claude Juncker allant jusqu’à déclarer que « le gouvernement de Bucarest n’a pas encore pleinement compris ce que signifie présider les pays de l’Union Européenne ». Au pouvoir en Roumanie depuis fin 2016, le Parti Social-Démocrate envisage le vote d’une loi qui gracie ou amnistie les auteurs de corruption, notamment dans l’objectif d’amnistier certains membres du gouvernement dont Liviu Dragnea, président du Parlement roumain et du PSD.
Par ailleurs, de nombreuses atteintes à la liberté de la presse ont été recensées par Reporters sans Frontières, le pays se positionnant au 44ème rang au classement de la liberté de la presse. Ces différentes problématiques entachent donc la légitimité de la Roumanie à occuper cette fonction, cette dernière ne respectant pas toutes les valeurs de l’Europe.
Un programme de priorités peu précis
Pour donner davantage de cohérence entre les différentes présidences tournantes, le traité de Lisbonne a également introduit un système de présidence tripartie. Pour ce faire, durant 18 mois les trois États qui vont exercer successivement la présidence doivent avoir un programme commun.
La Roumanie a ainsi établi un programme de 4 priorités, qu’il est possible de retrouver en détail sur le site officiel de sa présidence : développement de l’Europe sociale, consolidation de la sécurité intérieure ou encore lutte contre le terrorisme. Des objectifs assez flous qu’il sera assez difficiles de mettre en œuvre avant l’échéance du Brexit prévu pour mars et des élections européennes du 23 au 26 mai prochain. Cette mise en avant de la Roumanie sur la scène européenne constituera l’occasion de tester la solidité de l’UE qui fera face, pour la première fois de son histoire, à la sortie de l’un de ses Etats membres et de renforcer sa coopération avec les pays des derniers élargissements.