[ARTICLE] Ce que l’Europe peut attendre de l’élection de Joe Biden
• Publié le 19 novembre 2020 • Rubrique(s) Actualités de l'Union europénne, MDE
Les dirigeants européens ont, dès le samedi 7 novembre, félicités le Président-élu des États-Unis. Si cette victoire laisse espérer une normalisation des relations et un retour à plus de multilatéralisme, l’Europe et les USA auront toujours des intérêts divergents.
Quelques tweets :
Ce que cette élection peut laisser espérer aux européens :
Un retour du multilatéralisme :
‘‘Il y a clairement une volonté de retour sur la scène internationale et d’une diplomatie active sous Joe Biden’’, selon Célia Belin, politologue invitée à la Brookings Institution à Washington et spécialiste de la politique étrangère américaine. Ce retour s’effectuera selon elle probablement en premier lieu par celui dans l’accord de Paris sur le climat : https://www.touteleurope.eu/actualite/presidentielle-americaine-ce-que-l-election-de-joe-biden-change-pour-l-europe.html
Selon Hubert Védrine on pourrait également s’attendre à un probable « déblocage de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et son organe de règlement des différends ». https://www.europe1.fr/international/climat-oms-commerce-hubert-vedrine-analyse-les-enjeux-de-la-presidence-biden-4004145 . Ainsi qu’à un « retour des Etats-Unis très probable dans l’OMS (Organisation mondiale de la santé), dont on a besoin pour tirer les leçons de la pandémie et se préparer à l’avenir ». En juillet dernier, Donald Trump avait officiellement lancé la procédure de retrait du pays de cette organisation, accusée d’avoir tardé à réagir face à la pandémie de Covid-19.
En ce qui concerne le Covid-19, le président élu des Etats-Unis en a fait une priorité, avec la création le 10 novembre d’une Task force composée de scientifique pour lutter contre la pandémie. Selon Jeff Hawkins, ancien diplomate américain et chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) « on devrait assister à un Joe Biden agissant de concert avec ses alliés et ne faisant pas cavalier seul comme Donald Trump », https://www.touteleurope.eu/actualite/presidentielle-americaine-ce-que-l-election-de-joe-biden-change-pour-l-europe.html. L’Union européenne peut ainsi espérer mieux coordonner ses efforts contre la pandémie avec son partenaire outre-Atlantique, notamment en ce qui concerne les vaccins.
Le départ de Trump c’est également la fin de la certaine caution idéologique qu’il apportait aux régimes populistes d’Europe centrale, la Hongrie de Viktor Orban, la Slovénie de Janez Jansa et la Pologne de Jaroslaw Kaczynski. Si « Cela ne veut pas dire que l’idéologie populiste disparaîtra de l’Europe, (…) les « mini-Trump » européens ne pourront plus revendiquer le soutien de la première puissance du monde. » : https://www.ouest-france.fr/monde/etats-unis/point-de-vue-joe-biden-et-les-attentes-de-l-europe-7046340
Il faut rappeler que Trump avait également largement pris position en faveur du Brexit, https://www.lepoint.fr/monde/face-aux-difficultes-de-boris-johnson-trump-offre-son-soutien-indefectible-24-09-2019-2337505_24.php#.
Cependant, la fin de la virulente diplomatie de l’« America First » de Trump ne signifie pas un retour à « l’ancien statu quo, où nous pouvons prétendre que la présidence de Donald Trump n’a jamais existé et que le monde est le même qu’il y a quatre ans »[1], tout d’abord : « la capacité du président démocrate à agir de façon multilatérale dépendra cependant de facteurs politiques internes, et notamment de la couleur de la majorité au Sénat. (…) En cas de majorité d’opposition à la chambre haute du Congrès, Joe Biden aurait bien du mal à faire ratifier les traités qu’il défend. » https://www.touteleurope.eu/actualite/presidentielle-americaine-ce-que-l-election-de-joe-biden-change-pour-l-europe.html
Des divergences vont persister sur certains dossiers :
- Airbus – Boeing : un des sujets brulant qui va continuer d’attiser les crispations dans les relations transatlantiques, est le conflit Airbus-Boeing, d’autant plus que le 9 novembre dernier, l’Union européenne a annoncé des sanctions douanières en représailles des sanctions américaines : https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/11/09/boeing-l-union-europeenne-annonce-des-sanctions-douanieres-contre-les-etats-unis_6059083_3234.html
- Taxation du numérique : Projet européen qui vise à taxer les géants du numérique, dont les principales entreprises sont américaines et payent très peu d’impôts en Europe, environ deux fois moins que les entreprises traditionnelles en Europe, en comparaison de leur activité. Un projet de « taxe GAFA » est à l’étude du coté européen, qui pourra difficilement compter sur une coopération américaine pour coordonner ce projet à l’échelle mondiale. Taxe qui est revenue sur le devant de la scène suite à la crise du Covid-19, il était question de developper des ressources propres (dont une taxe GAFA) pour rembourser une partie du plan de relance : les 390 milliards d’euros de subventions : https://fr.reuters.com/article/idFRKBN2602XE-OFRIN
- Iran : L’accord sur le nucléaire iranien a peu de chances de voir une volte-face de la part des Etats-Unis, selon Célia Belin pour Toutel’Europe.eu. « Les Iraniens ne respectent plus les termes du plan d’action conjoint et dépassent largement la production d’uranium enrichi autorisée depuis que Donald Trump a annoncé en mai 2018 le retrait des Etats-Unis de l’accord de Vienne, signé en 2015 sous Barack Obama. Les dommages causés par cette décision changent la donne et éloignent la possibilité d’une réintégration américaine similaire à celle de l’accord de Paris sur le climat, et ce malgré la volonté de Joe Biden de reprendre les négociations avec l’Iran. » : https://www.touteleurope.eu/actualite/presidentielle-americaine-ce-que-l-election-de-joe-biden-change-pour-l-europe.html
- En matière de défense : L’ère Trump touche à sa fin mais l’UE doit clarifier sa stratégie en matière de défense car si Trump critiquait régulièrement les pays européens qui dépensaient trop peu pour la défense, ce constat était aussi partagé par les administrations américaines précédentes qui appelait l’Europe à contribuer davantage au budget de l’Otan
En conclusion : « Par la virulence de sa diplomatie, Trump a paradoxalement donné l’occasion politique aux Européens d’affronter leurs propres vulnérabilités technologiques. A eux de ne pas s’engourdir dans la facilité avec un nouveau président certes plus sage mais tout aussi déterminé à défendre les intérêts nationaux de son pays »