• Début de morcellement du groupe de Visegrád?

     • Publié le 12 janvier 2022 • Rubrique(s) Actualités de la Maison de l'Europe

    Le groupe de Visegrad n’est pas, comme on le croit parfois en Europe de l’Ouest, une alliance informelle entre Etats partageant les mêmes objectifs, le même positionnement à l’égard de l’UE, c’est au contraire une véritable organisation intergouvernementale formalisée lors d’un sommet entre la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie en 1993. Même si les objectifs initiaux, l’intégration européenne et l’intégration à l’OTAN, sont remplis depuis longtemps l’alliance a retrouvé du sens en s’opposant à Bruxelles notamment sur les sujets migratoires mais pas seulement. Elle est depuis quelques années un véritable caillou dans la chaussure de Bruxelles que ce soit pour défendre l’Etat de droit, les droits des homosexuels ou la répartition des migrants. Même si c’est quatre pays, Pologne, Hongrie, Slovaquie, République Tchèque n’ont pas un poids économique ni démographique très important ces derniers ne peuvent être mis à l’écart lors des votes à majorité qualifiée et encore moins lors des votes nécessitant l’unanimité.

     

    Le groupe de Visegrad, une union nationaliste dans l'UE | L'Humanité

    Cependant, la contestation citoyenne et politique face aux affaires de corruption, aux dérives illibérales ou aux mesures autoritaires de ces gouvernements pourrait peut-être à l’avenir fragiliser ces pays et leur solide alliance eurosceptique. Le changement de gouvernement en République Tchèque est sans doute un des premiers signaux d’un affaiblissement du groupe de Visegrad au regard des déclarations du nouveau Premier ministre Petr Fiala. Celui-ci semble vouloir s’écarter de ses voisins polonais et hongrois. Il a par exemple exprimé début Janvier ses inquiétudes envers la dérive oligarchique de la Hongrie. Le nouveau ministre des Affaires européennes Mikuláš Bek a rappellé que “la Hongrie et la Pologne sont désormais en conflit sérieux avec le reste de l’UE, tandis que la République tchèque et la Slovaquie ne jouent pas la même partition”. Cette élection et ce changement de ligne politique du gouvernement tchèque pourraient en inaugurer d’autres.

    L’opposition politique tchèque a pu arracher la victoire grâce à une coalition de partis excédés par la multiplication des affaires de corruption concernant le chef du gouvernement de l’époque Andrej Babiš. C’est aussi la méthode utilisée en Pologne et en Hongrie. En Pologne la coalition civique portée par Rafal Trzaskowski a réussi à faire trembler le parti au pouvoir en récoltant 48,97% au second tour de l’élection présidentielle. En Hongrie les partis d’opposition soutiennent un unique candidat qui pourrait, d’après certains sondages, détrôner l’indétrônable Victor Orban en avril 2022.

    Ainsi si le groupe de Visegrad et plus globalement certains pays d’Europe centrale restent loin de la vision européenne de l’Etat de droit, de la liberté de la presse ou de la gestion des migrants, il semble que les premières fêlures apparaissent portées à la fois par les mouvements citoyens mais aussi par une opposition politique plus organisée.

     

                                                                                       Silas Chausse Meynard, bénévole

     

    Sources:

     

     

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