• 1000 milliards d’euros pour lutter contre le dérèglement climatique et donner un nouveau souffle au projet européen

     • Publié le 1 avril 2019 • Rubrique(s) MDE

    C’est, selon la Cour des comptes européenne, la somme que devrait débourser l’Union européenne chaque année pour respecter l’engagement de réduction de gaz à effet de serre signé en 2015 lors de la COP 21 à Paris. Et c’est justement la somme que l’économiste Pierre Larrouturou et le climatologue Jean Jouzel, soutenus par cinq cents personnalités de douze pays, sont convaincus de pouvoir réunir dans le cadre d’un « Pacte finance-climat » pour lutter contre le dérèglement climatique et donner un nouveau souffle au projet européen.

    « Si le climat était une banque, on l’aurait déjà sauvé », peut-on lire en page d’accueil du site « Pacte Finance-climat », le programme mis en place par l’économiste Pierre Larrouturou. Une phrase qui fait référence aux décisions prises par la BCE (banque centrale européenne) pour répondre aux différentes crises que rencontre l’Europe depuis une dizaine d’années. « En 2008, pour éviter l’effondrement du système financier européen, la BCE a réussi à mettre 1000 milliards d’euros sur la table et, depuis 2015, elle a injecté sur le marché plus de 2600 milliards d’euros pour soutenir la croissance », expliquait Pierre Larrouturou en février dernier sur le campus de Jussieu (Sorbonne Université, Paris). Aujourd’hui l’économiste essaie de convaincre les Européens de récidiver pour une cause largement aussi importante : le dérèglement climatique.

    Pour financer un tel projet, il souhaite la création d’une banque (européenne du climat et de la biodiversité) dont la mission serait d’accorder des prêts à taux zéro aux pays signataires à hauteur de 2% de leur PIB, exclusivement pour des investissements dans les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables. Conscient, par ailleurs, que le financement de certains projets, fondamentaux pour l’avenir mais peu rentables à court terme, puissent ne pas attirer les investisseurs privés, il veut parallèlement mettre en place un fonds alimenté par 5%, en moyenne, des bénéfices avant impôt des entreprises opérant dans l’Union européenne. Mais tenant à concilier changement climatique et justice sociale, il ne solliciterait ni les ménages ni les « acteurs économiques vulnérables », comme les artisans, et réduirait les contributions des entreprises qui se donnent les moyens de baisser leur bilan carbone.

    Survie de l’humanité

    Pour être en phase avec les demandes sociétales actuelles, le « Pacte » compte également faire une place à la société civile dans le mode de gouvernance de la future banque. A côté du conseil d’administration et de l’assemblée des actionnaires (qui pourraient être à 60% la banque européenne d’investissements, à 10% l’UE et à 30% les Etats membres), il y aurait, en effet, un comité stratégique, composé de représentants d’ONG, de scientifiques, de membres du Comité européen des régions et du Conseil économique et social européen. Dans le même esprit, le Pacte Finance-climat entend instituer une Union pour le climat et la biodiversité, dont l’objet serait de définir chaque année le taux de contribution climat et les différents projets à financer.

    Enfin pour réunir les pays candidats, les concepteurs du projet préconisent la solution du « traité intergouvernemental ». Ouverte à l’adhésion progressive de tous les Etats membres, celle-ci favoriserait une mise en route rapide (dès 2020). Condition essentielle car « il en va de la survie de l’humanité » (sic). Cerises sur le gateau : ce projet permettrait de créer, en outre, six millions d’emplois, dont neuf cent mille en France, et d’éviter une nouvelle crise financière.

     

    D.V.

    (voir aussi : https://www.pacte-climat.net/fr/lassociation/)

    About