• ERASMUS+ : fleuron de la construction européenne

     • Publié le 6 octobre 2023 • Rubrique(s) MDE

    Erasmus +Aujourd’hui, plus de 13 millions de personnes, étudiants, apprentis, jeunes volontaires et membres du personnel ont participé au programme Erasmus, qui comprend les 27 États membres de l’UE (27 depuis la sortie du Royaume-Uni) et 6 autres pays. Pas moins de 55 agences nationales gèrent Erasmus+, et si d’autres pays voisins sont partenaires, n’importe quel pays du monde peut être éligible à des actions spécifiques dans certaines circonstances. Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Retour sur une page de l’histoire européenne loin d’être écrite à l’avance.

    Grand absent au début de la construction, les années 70 marquent l’avènement du programme ERASMUS

    Le mot « éducation » ne figure pas dans le traité de Rome de 1956 et était tabou dans l’agenda politique européen des années 1960. Il est difficile de croire qu’au début des années 1970, seulement 0,5% de la population étudiante de la CEE était originaire d’un autre Etat membre. Les échanges bilatéraux étaient rares et ne concernaient que l’enseignement des langues étrangères.

    C’est en 1973 que la Commission européenne (CE) a créé le premier service chargé de la politique de l’éducation et de la jeunesse, au motif qu’une forte dimension éducative et culturelle était nécessaire à la construction d’une Europe ouverte et démocratique. Trois ans plus tard, les ministres de l’éducation se sont mis d’accord sur un programme d’action établissant une coopération étroite entre les systèmes éducatifs afin de soutenir les cursus communs entre les établissements d’enseignement supérieur, mais sans tenter d’imposer une harmonisation des politiques nationales. C’est ainsi qu’est né le système de transfert de crédits pour les unités d’études modulaires (ECTS). En 1986, près de 600 programmes d’échange avaient été mis en place, dont certains conduisaient à la délivrance de diplômes conjoints.

    La mise en place du marché unique comme accélérateur 

    L’objectif de construire un marché unique européen avec la pleine liberté de circulation des travailleurs dès 1992 impliquait de reconnaître l’équivalence des qualifications académiques et professionnelles. La formation professionnelle est devenue la clé de l’adoption du programme en 1987, acclamée par les universités et les étudiants de toute l’Europe. Dans l’enseignement supérieur, les structures initiales des accords de partenariat international sont restées pratiquement les mêmes.

    Un système de bourses et de subventions pour contribuer à l’essor du programme

    Le programme a été conçu pour être volontaire et décentralisé, et l’innovation la plus frappante a peut-être été d’ouvrir Erasmus aux étudiants de toutes les disciplines, avec la reconnaissance des études à l’étranger comme partie intégrante des qualifications finales.  La Commission a contribué à l’octroi de bourses de voyage et de séjour aux étudiants participants, et les bureaux Erasmus ont aidé à internationaliser les accords de partenariat entre les établissements et ont soutenu les négociations en vue d’accords de financement réciproque entre les pays. Les subventions accordées au personnel universitaire et administratif pour les aider à préparer de nouveaux accords ont renforcé la confiance mutuelle et la compréhension des programmes d’études et des diplômes nationaux.

    L’éducation et la formation se sont progressivement hissées au rang des priorités politiques grâce à un nouveau chapitre du traité de Maastricht de 1993 qui a renforcé le financement par le budget de l’UE. Un nouvel élan a été donné en 2004 avec le lancement du programme Erasmus Mundus, qui permet aux étudiants de plus de 80 pays de se déplacer dans le monde entier.

    D’Erasmus à Erasmus +

    S’appuyant sur ces fondations, le « plus » inclut désormais des participants issus des écoles et de la formation professionnelle afin de renforcer la coopération avec les partenaires européens et de promouvoir un sens de la citoyenneté à l’échelle mondiale. L’éducation des adultes et le sport sont d’autres ajouts importants.  Au même moment, les étudiants britanniques étaient d’autant plus perplexes de se retrouver exclus des programmes Erasmus + et Horizon à cause du Brexit.

    Avec Erasmus +, il est possible de partir :

    – pour une durée cumulée (étude + stage) de 12 mois maximum par cycle

    – à l’international et pas seulement en Europe.

    De plus, le programme est ouvert à de nombreux publics, autres que les étudiants.
    Demandeurs d’emploi, enseignants, formateurs, personnels des établissements d’enseignement et de formation, bénévoles et professionnels du monde associatif, élèves d’établissement scolaire, etc. peuvent aussi en bénéficier. (Source : Agence Erasmus +)

    Une véritable marque et un gage de qualité dans la formation

    La marque Erasmus est désormais reconnue dans le monde entier. Pratiquement tout l’enseignement supérieur de l’UE est concerné et Erasmus Mundus relie les universités du monde entier. « Faire Erasmus » est un excellent moyen d’améliorer ses connaissances et ses compétences, ainsi que l’employabilité et les perspectives de carrière. Des études montrent que les étudiants mobiles ont deux fois plus de chances de trouver un emploi un an après l’obtention de leur diplôme que leurs homologues restés sur place. Un stagiaire de l’enseignement supérieur sur trois se voit offrir un poste dans l’entreprise où il a suivi sa formation à l’étranger, et un sur dix crée sa propre entreprise. Au moins 90 % des employeurs européens cherchent à recruter des candidats possédant des compétences transférables, et les participants Erasmus peuvent mieux acquérir ces compétences après avoir suivi une formation à l’étranger.

    Compte tenu de la popularité de la marque Erasmus, l’UE a décidé de doubler le budget d’Erasmus+ pour le porter à 30 milliards d’euros pour la période 2021-2027. Cela devrait permettre de soutenir au moins 12 millions de personnes et d’en engager beaucoup plus ayant des besoins particuliers ou provenant de milieux défavorisés. Parallèlement, le budget du programme de recherche Horizon Europe a été porté à 100 milliards d’euros, dont 25 % sont consacrés à la lutte contre le développement durable et le changement climatique. L’objectif global pour les années à venir est de continuer à promouvoir une citoyenneté européenne active et des valeurs communes de liberté, de tolérance et de non-discrimination par le biais de l’éducation.

    Le succès d’Erasmus dans la création de diplômes universitaires conjoints est aujourd’hui renforcé par l’introduction de la nouvelle carte d’étudiant européenne et la création des « universités européennes », un label visant à encourager l’excellence et à renforcer la réponse de l’UE aux défis auxquels elle doit et devra faire face.

    Patrick Twidle

    Vice-président en charge du secteur éducatif

    Maison de l’Europe de Rennes et Haute Bretagne – Centre EUROPE DIRECT

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